De l'eau fraîche et pure

[eclipse de lune]

"Te voilà devenue altruiste maintenant?"

Je lançai à Amon un regard interrogateur.

"Aller jusqu'à la source pour chercher de l'eau qui servira à tous les guerriers...
-Je suis pratiquement la seule à utiliser ce baquet. Personne d'autre n'ira en chercher et je n'ai pas envie de devoir utiliser de l'eau croupie."

Encombrée d'une dizaine d'outres vides, je m'agenouillai dans l'herbe mouillée et les remplis une à une de l'eau pure et fraîche qui coulait vivement d'une fissure entre les roches. Une fois mes récipients pleins, je me déplaçai un peu vers le bassin. L'eau claire et calme me faisait envie.

Cinq minutes plus tard, j'étais en train de faire quelques brasses au grand dam d'Amon qui aurait préféré qu'on aille d'abords voire l'état d'Aïcha.

"Tu n'as vraiment pas le sens des priorités, hulula-t-il depuis une branche.
-C'est pas le fait que je sois à côté qui changera quelque chose, soufflai-je avant de faire un peu d'apnée.
-Peut-être, mais c'est la moindre des choses de t'inquiéter un peu pour ton apprentie, rétorqua mon HIND une fois que je fus revenue à la surface.
-Tu stress trop.
-Et toi pas assez.
-Laisse-moi dix minutes."

Amon ne répondit pas, signe qu'il était d'accord.

[eclipse de lune]

J'enfilai mon manteau en grimaçant, ma blessure s'était réouverte. Je lançai quelqu'un injures pas très catholiques qui n'eurent bien sûr aucun effet sur le saignement abondant de mon épaule mais qui avaient l'avantage de soulager les nerfs.

"Salt'té de lion. Salt'tée d'Étoile d'Argent. Salt'tée d'apprentie. Me regarde pas comme ça! J'ai le droit d'insulter, de maudire qui je veux! Surtout ces abrutis! C'est pas la peine de me faire cette tête, tu n'arriveras pas à me faire culpabiliser."

J'enlevai mon manteau que je venais de mettre, ôtai ma chemise et récupéra mon pansement sale. Je le trempai dans l'eau pour le nettoyer un peu et le renroula autour de mon épaule. Tant pis pour les microbes et le bactéries, et tant pis pour ce foutu guérisseur qui s'était barré sans dire au revoir. Un fois ça fait, je me rhabillai en essayant de ménager mon bras droit sous le regard d'Amon qui n'avait pas bougé de sa branche. Je lui tendit mon poignet gauche, signe qu'on allait rentrer.